Grands formats et installations
Les installations photographiques de Julie Guiches jouent avec les spectateurs que nous sommes. Pourtant au premier coup d’oeil, rien d’ambivalent, on aperçoit un paysage urbain, quelques passants, un chantier… Mais une fois passée la première lecture, nous décelons le trompe l’oeil et ces détails : on devine le chassis sur lequel est imprimé l’allée verdoyante, on aperçoit les différents cadres superposés pour ne former qu’une seule image de joueurs d’échecs dans un parc parisien… Julie nous fait alors passer de son côté, en nous laissant facilement percer ses secrets de fabrication. Elle nous propose même d’être complice de son observation et nous nous amusons ensemble de la réaction des usagers de ces lieux, eux-mêmes confrontés à ces installations. Mais Julie manie le second degré avec dextérité et nous propulse à nouveau avec sa série des panoramiques dans une mise en abîme : lequel de ses personnages est le plus réel ? Qui regarde qui ? On démêle petit à petit ses fils et on apprend à remettre en cause notre position omnisciente. Ces poupées russes photographiques questionnent notre perception de la ville, nos déplacements, l’usage que nous en faisons et les relations que nous y entretenons. Sans imposer de solution, Julie Guiches propose toujours un espace intermédiaire, dans lequel la poésie et l’humour ont toute leur place : ainsi cette installation qui d’un côté montre une perspective dans un parc et de l’autre, qui propose aux joggeurs de tourner tel des rongeur en cage tout en voyant du sol au plafond un ciel bleu défiler.
Cécile Rivière, 2005-2016